: le discours de la servitude volontaire, le contre ‘ Un d’Etienne de La Boétie Dans ces moments de sidération devant un nouveau dictateur, élu et cynique, il serait bon de relire de nouveau « la peste » d’Albert Camus, de revoir « le train sifflera trois fois », « le train de 3h10 pour Yuma », de s’arrêter sur une population terrorisée qui fait douter de la lutte pour la justice, qui se plie devant l’arbitraire d’un rapport de force. La crainte du tyran comme du système totalitaire est de retour. L’actualité d’Orwell demeure. Ne plus Résister à une oppression mentale dans laquelle nous nous avouons battus est la clef de l’oppression, de la soumission volontaire que dénonce La Boétie au xvi siècle. Servitude volontaire par peur, calcul, indifférence... De ces œuvres où l’on sent la peur, de ces moments où l’angoisse d’un futur incertain, d’une purge systématique terrifie, et nous insensiblement complices. Pire où nous nous paralysons nous-mêmes devant ce que nous pensons être la fatalité. La loi du silence qui s’installe, le regard oblique et fuyant qui se tourne sur sa seule zone d’intérêt. Dans « les sept mercenaires », la peur omniprésente qui va cherche l’aide de tueurs professionnels pour débarrasser les villageois d’une bande de truands pugnaces. Ces mêmes lâches qui devront finalement se remettre en question et s’engager pour résister. La dislocation de la possibilité de la révolte, Le sentiment de l’impuissance, c’est ce qui est à combattre d’urgence avant qu’une démocratie ne s’effondre. Il faut relire Thoreau, La Boétie, Gandhi. Et vite avant qu’un système démocratique ne s’effondre devant des attaques multiples et répétées. La démocratie est fragile dès lors qu’on gracie les mutins d’une insurrection, que les intellectuels sont bannis et exilés, que science et vérité sont discrédités, que l’on supprime l’aide humanitaire, qu’on rejoue une volonté impériale. Garder le silence devient une compromission, un consentement tacite à l’oppression. Détruire la confiance dans les valeurs de justice et de liberté. L’Amérique a peur de son dictateur mais elle doit se relever et lutter comme l’a fait un exilé anglais, un certain Charles Chaplin qui y a tourné « le Dictateur » avec le courage et la lucidité qu’on lui connaît. « Vous vous affaiblissez afin qu’il [le maître] soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »
Étienne de La Boétie Philippe Escudier – 2025 Étienne de La Boétie - Discours de la servitude volontaire, Texte établi par Paul Bonnefon, Bossard, 1922 (p. np-215). Sur Wiki source