Pourquoi nous-ne brûlons  plus nos guitares ?

Monterey, woodstock. Quelques images d'Hendrix assis mettant le feu à sa Stratocaster.

Monterey, woodstock. Quelques images d'Hendrix assis mettant le feu à sa Stratocaster. Des Des guitares qui se brisent entre les mains de Pete Townsend des Who. Une époque qui accompagne l'expérience musicale de la transe avec la destruction des symboles bourgeois de la culture. Détruire l'objet de la performance scandalise, devient un moment attendu du divertissement et d'une époque révolue du rock. Contestation calculée ou moment nihiliste ? Rien n'est plus futile, ridicule, et ne convainc plus de la perfection d'une idole. 
Les flammes que contemplent les musiciens sont désormais celles douloureuses de l'impuissance devant la terreur. L'unesco vient d'officialiser la classification du Rubab au patrimoine de l'humanité, un des plus vieux instruments de l'Afghanistan. Le plus joué et véritable merveille esthétique. Acte qui n'est pas anodin et qui vient porter assistance à une des pires épreuves que traversent les musiciens afghans. Soutien mais aussi impuissance devant la terreur et l'absurdité. 
La mémoire musicale et séculaire d'un peuple se consume dans des bûchers que des fanatiques organisent. Pire en obligeant les artistes à regarder partir en fumée ce qui est leur le plus cher. La musique désormais interdite, pourchassée, punie de mort ! Fuir ou mourir. Jouer en secret. Ne plus chanter. Enfouir l'instrument dans sa mémoire. Jouer, résister. Faire entendre encore l'un des plus vieux instruments de l'humanité. Sauver des flammes ce qui lutte contre l'obscurité. Ce qui reste de mémoire, de vie, est de sauver un instrument qui symbolise l'âme d'un peuple. 


Philippe Escudier. 2025