BIOPICS

BIOPIC : DOCUMENTAIRE OU ROMAN HISTORIQUE ? Que faut-il attendre des BIOPICS ? Dans les pas d'Homère. Le Biopic, film biographique, est un genre cinématographique prospère, un effet de mode et un calcul. Du Napoléon d'Abel Gance à Bohémian Rhapsodie Il convoque une figure historique, une célébrité, une légende pour en faire une fiction ou la vérité appartient au roman historique plus qu'à la froide vérité de l'histoire. C’est de plus un genre hasardeux et risqué pour un réalisateur. Critiqué pour se libertés qu'il prend avec la stricte vérité comme le Napoléon de Ridley Scott, figure possible de propagande avouée, Jeanne d'Arc. Le biopic est jugé aussi selon ses prétentions artistiques, son traitement, sa dimension d’œuvre d’art à part entière ; on ne veut pas de documentaire pur ! Ni une simple biographie exhaustive et fidèle. Il nous faut une histoire, un personnage, une œuvre, un souffle et sans doute une dimension tragique. Le biopic a besoin du grandiose comme Lawrence d'Arabie. On s’intéresse des êtres d’exceptions. L’épopée voilà de quoi faire de belles scènes. Favoriser le destin tourmenté de Gandhi ou Mandela. Il faut une dimension historique d'exception. Le biopic s'attache aux grands hommes, aux vies illustres tel Suétone. Il lui faut un césar, une tragédie aussi. La souffrance et la douleur font partie du biopic. La traversée du désert réelle ou psychologique du héros, sa descente aux enfers. Tout cela se retrouve chez Lawrence ou Freddy Mercury. Le rapport à la grandeur comme à la misère. L'échec ou la réussite. L'important est de suivre un itinéraire et de le mettre en scène, d'en faire une narration romancée qui va tenir le spectateur. On est dans le drame psychologique autant que dans le film d'action. Le contexte historique n'est qu'un prétexte. C'est l'homme et l’œuvre qui nous intéresse. Pour réussir cela il faut bien sûr un angle d'attaque, une vraie dimension artistique à l’œuvre. Le vrai Cyrano ne nous intéresse pas. Il faut construire un personnage, un drame, ses péripéties et intrigues. Il nous faut un Acteur ! Un talent certain pour l'incarner qu'il soit ressemblant ou non. Les exigences sont celles de n'importe quelle fiction. Le biopic est difficile à réussir. Il faut un réalisateur d’exception qui ne se contente pas de mimer la vie, la reproduire dans toute son exactitude. Il faut un souffle ! Le monumental, le grandiose, le grandiloquent. Faire vibrer le spectateur, lui en donner pour son argent ! On est bien loin de la seule vérité, plus près de la légende parfois comme dans le traitement de Bonnie and Clyde ? Le biopic ne dit pas tout de l'individu. Une période, un moment. La fidélité est secondaire voire impossible et tout de suite contée par les biographes éclairés ou non, autorisés ou pas ! Le magnat de la presse R. Hearst peut servir de prétexte à Charles Foster Kane, mais il demeure une zone de mystère. Un homme ne peut se réduire à un point de vue, aux seuls témoins de son époque voire de ses proches. Qui connaît C.F.Kane avant la scène finale du traîneau de son enfance, Rosebud. Citizen Kane d'Orson Welles démontre clairement que l'on ne peut connaître avec exactitude la vie d'un être humain même après la plus minutieuse des enquêtes. On approche de lui mais des zones d'ombres demeurent. Au fond nous attachons à la fiction ; nous regardons le biopic comme une histoire et non de l'histoire. La vérité pure, l’exactitude peut être la prétention du documentaire qui ne la réalise qu'approximativement. Dans le biopic, nous jugeons de l'interprétation, du récit, d e la construction, du partie pris du réalisateur nous découvrons l'homme, l'auteur ou l’œuvre. C'est une approche, une initiation. On fait œuvre de mémoire. On transmet à d'autres générations le passé. On le fait revivre à la manière des Aèdes tout comme Homère. Et c'est bien un Art. Philippe Escudier - 2025