
La Boètie - Discours de la servitude Volontaire
Rappel : La transcription : Bonnefon ; Les titres : le contre un – discours
Le centre de l’œuvre : Il s’agit d’identifier le sens et la forme de la servitude- son lien avec notre acceptation et notre passivité induite par la peur et la perte de toutes espérances dans l’accès à la liberté. Mais aussi et surtout la possibilité de sortir de l’oppression par une prise de conscience individuelle et collective. Autrement dit que la révolte collective est possible. La faiblesse numérique fondamentale de la tyrannie est ciblée. Le sachant, l’espoir de triompher renaît et rend possible la volonté de sortir de l’oppression. Celle-ci ne repose que sur un petit nombre dérisoire d’individus. Elle ne peut résister au nombre des volontés actives et déterminées. La force du tyran vient autant de la passivité du nombre que du soutien de ses sbires … Ils représentent son principal appui. Leur force et faire obstacle à la lutte, à la révolte, contre l’oppression. Ils défendent aussi leurs intérêts en soutenant le tyran. Puissants mais numériquement faibles, c’est eux qu’il faut balayer pour être libre. La Boétie ramène à prendre conscience de cette faiblesse interne de la tyrannie. Ce qui nous oppresse et nous terrorise ne peut masquer sa débilité. Le tyran est nu. On peut le renverser. Originalité et démarcation : les problèmes philosophiques.
Le sens, la compréhension et les problèmes posés par le texte
La référence incontournable - L’analyse classique du despotisme : qu’est-ce qu’un tyran ? La dénaturation et la confiscation du politique par un individu. Le règne de l’arbitraire L’arbitraire, l’accaparement du pouvoir ; la violence et l’injustice Référence classique au despotisme. L’attaque des lumières, de l’Encyclopédie peut être conviée. L’oppression et l’injustice. Leur être et l’illégitime. Histoire de la tyrannie – le prince, la référence à l’histoire grecque et latine ; les glissements vers l’arbitraire. Réflexion centrale sur le vol de l’espace politique et le caractère illégitime d e l’oppression. Oppression et soumission : un couple interactif.
La Boétie anticipe l’analyse éclairante de Rousseau sur le pseudo Droit du Plus fortRéférence incontournable : Livre UN du contrat social. L’oppression relève du droit du plus fort donc du pur arbitraire. Relation au Prince de Machiavel. Violence et oppression peuvent-elles recevoir une légitimité et devenir des moyens du politique ? A quoi sert le politique ? Pourquoi nous ne pouvons pas en être privé.Et dès lors, Pourquoi nous ne pouvons accepter la soumissionRenoncer à la liberté c’est renoncer à soi (Rousseau) La destruction du tissu social. La Boétie : la force vient de l’union et d e la supériorité de la force des consciences collectives face à la perversité du Prince. Le constat de la Boétie (l’apport fondamental) : Unis dans la désobéissance, et le refus de la servitude, nous sommes plus fort que le tyran et nous faisons basculer la tyrannie. Le remède à l’oppression dépend de nous.
Si nous la refusons TOUS ENSEMBLE nous sommes libres (engagement collectif et non pas individuel). La force du tyran repose sur l’isolement de chacun, la destruction du lien social, de l’interaction et de la concertation des individus. Le tyran a provoqué l’effondrement du corps collectif. Chacun est une monade coupée des autres. Il n’y a plus d’amitiés politiques, plus d’inter action entre les individus. Plus d’action commune. Le tissu social, le corps politique, n’existe plus nous sommes isolés. Nous ne pouvons plus agir de concert. Nous sommes faibles et dès lors serviles car paralysé !
Deux éléments s’articulent. Le premier : la désespérance – Il y a un abandon de soi et de ses espérances dans la soumission. La tyrannie sépare les hommes, les isole et fait perdre l’espoir dans la liberté. Un obstacle de taille est dans la désespérance. Elle détruit toute action, toute résistance. L’habitude nous conditionne ensuite à ne plus réagir et à accepter passivement d’être soumis. La Boétie emploie un mot terrible. Cela devient UN VICE. C’est un mot fort qui nous renvoie àotre responsabilité et à une INTROSPECTION décisive. Il faut faire émerger une prise de conscience libératrice. Il y a un examen de conscience philosophique de soi et des principes de la soumission !! Nous nous emprisonnons nous mêmes dans la passivité par désespérance. La perte de l’espoir détruit la volonté. De là l’accès à la liberté est paralysé. Le VOULOIR-VIVRE, l’appétit de liberté s’effondre et nous nous donnons au tyran. Nous » collaborons » avec lui. Nous nous livrons à lui, nous oublions cette liberté naturelle que peut nous rappeler tout animal Notre condition et notre destination est d’être libre. Nous sommes responsables de notre état. L’EFFONDREMENT d’une prétention à la liberté est la clef de la soumission des volontés. C’est l’arme la plus subtile de la tyrannie. L’habitude d’être soumis va la renforcer. L’oubli de notre liberté naturelle va l’accentuer. Il faut donc bien se réveiller bousculer le sommeil de la raison. La Boétie utilise le terme d’aveuglement.
Le deuxième axe du Discours de la servitude volontaire est aussi de déterminer ce qui fait la force de la tyrannie et de cibler où devra porter la révolte et l’insurrection future. Cette puissance du tyran est prise entre la perversité, la ruse, du despote et la complicité active de ses tyranneaux qui choisissent par intérêt de lui obéir et qui vont fournir l’assise la plus durable à son pouvoir. Il n’est pas tout seul l’organisateur de son pouvoir. Il a des complices, des mercenaires, des lieutenants tout aussi criminels que lui. La femelette (terme de la Boétie) a ses tyranneaux dont La Boétie fait un portrait décapant sans complaisance Le tyran peut pratiquer la violence, se faire craindre, utiliser la terreur mais aussi la séduction, les cadeaux sont nécessaires. Du pain, des jeux, des baronnies… Il faut acheter ses soutiens !! Utiliser le levier de l’effroi, se faire craindre, ne fonctionne pas seul ! Le recours à la cruauté l’isole, même de ses fidèles qui peuvent le trahir. Il faut donc réactiver les cadeaux pour les complices, séduire t compromettre toujours plus. La Boétie le rappelle constamment : Le tyran est toujours seul ! La défiance doit-être permanente est une règle de vie que tout tyran se doit de suivre pour se préserver. La solitude du tyran est comprise de lui, il faut donc purger préventivement toute menace Le peuple et ses alliés peuvent se retourner contre lui ! un allié et un traître potentiel. Le pervers narcissique est aussi paranoïaque. Sa folie le rend encore plus effrayant et imprévisible. Il est enfermé dans sa propre solitude ce que nous redira clairement Rousseau.
Le peuple comme les tyranneaux doivent le craindre. Ils sont là par intérêt, par goût des richesses, des biens. Ils sont des mercenaires achetés prêt à toutes les compromissions et à toutes les servilités. Le tyran le sait. Tout pervers qu’il est, il a besoin des tyranneaux. Ils sont ses chiens ! Il les siffle et les lance. Ils s ‘activent à terroriser le peuple et à le soumettre. Ils sont sa force. Sans eux il ne pourrait gouverner. Sa faiblesse car le complice peut toujours trahir. Ils sont par conséquent le maillon le plus dangereux à faire sauter au moment de la révolte ! ce sont eux qu’il faut éliminer pour triompher du tyran. Ils sont peu nombreux mais pervers, rusés, violents et ils ont tout intérêt à maintenir en place leur maître. Ils jouent un jeu dangereux, double voire triple. Profiter du tyran mais aussi s’en préserver. La folie et le délire d’un Caligula sont toujours à craindre. Ils savent que son comportement peut être erratique, incontrôlable. Il faut se protéger aussi de son maître, prévoir le passage vers un autre maître. La disgrâce et la concurrence interne des courtisans peut transformer le sbire complice en victime à tout moment. Le tyranneau doit savoir survivre et surnager dans cette confusion permanente. Leur condition est donc précaire tout en étant profitable !
La postérité : distinction obéissance et soumission.
La parenté historique : la désobéissance civile Thoreau :Existe-t-il des Limites à l’obéissance : l’obéissance passive : la défense de Hume et Berkeley. L’obéissance complète et passive dépend d’un principe légitime et incontestable. Le problème est de savoir s’il existe ! « Quand l’injustice devient loi, la résistance devient un devoir » Thomas Jefferson. La résistance à l’oppression relève -t-elle d’un droit ou d’un devoir ?Autorisée, aménagée par la constitution, les droits de l’homme, ou par la responsabilité morale ? Résistance et responsabilité se recoupent pour éviter le pire à l’individu Problème du crime de l’guerre relevant de l’obéissance passive et inconditionnelle. Le Droit et le devoir de désobéir à la loi : Pourquoi, comment, finalités et raisons.
Annexe :
Kant – fondement de la métaphysique des mœurs, critique de la raison pratique L’homme révolté - Camus Le sens de la révolte. La résistance. L’existentialisme La question du totalitarisme. Arendt – Orwell - 1984, la ferme des animaux. La parenté historique et la postérité : L’introduction de la désobéissance civile : Thoreau, Gandhi, martin Luther King La structure philosophique du Discours Préalable Statut de La Boétie : Philosophe ou lettré philosophe ? Littérature d’idée ???? peu de sens -C’est une véritable œuvre philosophique à rapprocher de la condition de l’homme moderne d’ARENDT, et du sens du politique, de la réflexion sur l’adhésion de à l’autorité et à la notion d’obéissance passive. Structure – progression (plan) mouvement des idées et thèses. L’édition. La transcription de Bonnefond. Double mouvement
La désobéissance et la révolte peuvent émerger et mesurer l’inégalité du rapport de force. Une conscience éclairée peut se libérer. Analogie avec Rousseau – Contrat social. – il y a une prédisposition naturelle à la liberté. Lisible elle même chez l’animal.
Le VICE de la servitude : comment une dénaturation, une perte et un oubli de soi s’est constitué.
Conclusion et questions. Quelques pistes Le difficile accès à la révolte et à l’acte d’insoumission libératrice. La soumission est une prison mentale. Ose penser par toi-même (Kant- l’esprit des lumières) La terreur cache une faiblesse. Il faut démystifier la puissance du tyran. Il est faible. La révolte peut triompher de lui, c’est une certitude. Sa force est une faiblesse. La loi du plus fort est une illusion. Nous ne devons obéir qu’aux puissances légitimes. Nous sommes en droit de nous révolter. Peut-on vraiment se libérer du tyran si ses appuis interdisent la prise de conscience et l’espoir de la révolte ? c’est dans la pensée que nous devons mener le premier travail. La désobéissance est un risque calculé à prendre. Il faut entretenir l’espoir de la liberté. La désobéissance suppose l’existence d’une espérance gardée qui motive le révolté. Le réveil de la conscience est le fondement de l’entretien de notre liberté.