A lire ! Absolument ! Bien écrit, traitant son sujet avec maîtrise. Il nous donne une juste et belle approche de la rencontre, de sa positivité et de ses bienfaits pour notre humaine condition. Il en décrit justement les conditions et les finalités.
Il n'en demeure pas moins qu'il n'aborde pas la « rencontre négative ». Avec justesse, il en reste sur la rencontre positive et constructrice de nous même et de notre rapport à autrui. Dès lors il nous reste un horizon plus sombre à aborder celle de la rencontre non désirée, accidentelle et destructrice. On dira qu'elle n'est pas la vraie rencontre mais le « contact » du négatif. Il naît aussi quelque chose de ce contact et l'art en témoigne. Et si Charles Pépin utilise des références philosophiques, littéraires et cinématographiques, nous serons tentés de faire de même. Et là le cauchemar commence ! De Poe à Bettelheim nous savons ce qui se cache derrière les contes !
De convoquer d'emblée la belle âme hégélienne qui finira broyée par la raison en marche dans l'histoire. Un positif pourra émerger du champ de ruines. Mais l'histoire laisse de l'horreur derrière elle. De ce contact des cultures entre un civilisé borné et limité va naître la barbarie et les génocides. Aucune rencontre dans « ce contact « !! Absent 'l'un à l'autre et pourtant subissant les affres de cette proximité dévastatrice tel est le profil de cette « mauvaise rencontre » .
Deux formes de vie qui se rencontrent sans rien pouvoir échanger. Enfermé dans la lutte pour se nourrir et survivre comme cette chère Ripley face un Alien intelligent et habile. Le cinéma d'horreur en dit long sur sur cette rencontre centrée sur l'agresseur ! De l'Exorciste à Massacre à la tronçonneuse, de Norman Bates à Hannibal Lector certains monstres viennent hanter l'imaginaire et nos terreurs ! Le pire peut advenir et entrer dans le quotidien. Voici le leitmotiv du gore !
L'histoire, Les fait divers, nos « compléments d'enquêtes »lugubres laissant entrevoir la zone d'ombre de l'humanité. De ces monstres qui surgissent de la banalité et des traumatismes de l'enfance. Ce qu'il y a d'incontrôlables et qui constitue le risque de toute proximité humaine nous traverse. L'horreur et le fantastique sont hantés par la figure de l'ogre et du croque -mitaine. le Slasher est ce genre du gore où le spectateur suit les péripéties de la victime tentant de survivre au psychopathe. Ce qui est un genre éculé et rebattu revient nous rappeler que nous ne connaissons jamais vraiment autrui. Que l'incertitude règne, que le pire est tout proche, que tout peut arriver ! Constat horrible mais au combien délectable pour l'écrivain et le scénariste qui y trouve son « moteur de l'histoire ». le retour constant du mal, l'impossibilité à « mourir » est le mécanisme de cette horreur qui nous attire dans les salles obscures mais qui nous détruit dans le réel ! La rencontre est dangereuse nous murmure -t-on en montant les marches du château de Dracula.
Quelque chose peut arriver ! L'inhumain plane sur la rencontre. La littérature et la philosophie partagent le même constat. L'écrivain est lui plus habile pour nous faire frémir à cette idée et à tisser les récits les plus angoissants.
Sweet Nightmare are made of this.
Philippe Escudier - 2005