Pourquoi nous avons besoin de nous seuls pour créer ? Création artistique et IA

Si la création artistique est grandement facilitée en art, peut-elle simplement se reposer sur elle exclusivement ? 

Tout ce qui est de l’ordre technique, de la construction, jusqu’aux éléments les plus fins de l’élaboration, des choix, ou des directions peuvent bénéficier de l’I.A. L’aide, l’assistance, en gain de temps de facilité peuvent s’avérer indiscutables tout comme l’apprenti venait seconder le maître, lui épargnant ainsi les tâches les plus fastidieuses. 
Le plus décisif peut-il dépendre d’elle pour autant? L’origine, le stimulus, les déclencheurs sont à chercher en nous. Nos créations tirent partie de nos souffrances, de ces crises qui nous ont traversés. Un simple programme qui les simule peut-il faire aussi bien et qui plus est de manière personnelle ? 
Sans nos névroses l’inspiration aurait-elle pu exister ? Nos émotions peuvent-elles être éludées dans l’acte créateur ? La source véritable de la création est dans l’ombre du psychisme. Ce qu’il y a de plus profond en nous peut-il être dès lors être simulé et approché par l’IA ? Tout ce qui déclenche la création, son besoin, ses finalités nous appartiennent. 
Nous aurions pu ne jamais créer et pour tant nous avons écrit et peint. 
L’IA peut-elle ressentir ce besoin de créer et le déclencher par elle-même ? On nous répond qu’on peut le programmer ! Est-ce identique que de le décider par soi-même, d’en faire la démarche volontaire ? Ou encore de ressentir que l’on ne peut vivre sans créer ? Que la vraie vie n’existe que par l’art ? 
Qui plus est, ce travail a parfois été long, pénible. Nous l’avons sculpté par cette même exigence et cette insatisfaction. Maintes fois nous avons raturé, repris pour aboutir à l’œuvre finale, et jamais satisfait, prêt à la détruire par dépit. Jamais nous n’avons été séduit par la répétition, le conformisme, le stéréotype, le « déjà vu ». Nous avons fui la facilité, la complaisance ou esquivé les règles strictes de la commande pour être original et unique. Ce que nous avons créer nous sommes incapables de le répéter de manière uniforme sans en détruire la beauté. 
Tirer tout de soi-même, de ses profondeurs, de ses habileté voici ce qui relève de l’art et qui renvoie l’IA à un outil et qui ne peut remplacer réellement l’exigence d’un artiste à la recherche de l’expression de sa propre subjectivité. Nous pourrons sûrement imiter les belles formes de l’art, les apparences, mais pas son aspect proprement humain qui réveille en nous des sentiments divers, des interrogations, de la joie, de la beauté. Mieux une invitation à créer nous mêmes et à faire de l’art le centre de notre existence. 
Pour créer nous avons surtout besoin de nous, d’une feuille blanche, et essentiellement de tout ce qui est nous. Tout le reste n’est qu’outil et secondaire y compris l’IA. 
Philippe Escudier - 2025

image générée par ia.